Le PDG de Genestar Technologies démontre les limites de l’offre de Gemalto pour les CNI au Cameroun

(TIC Mag) – TIC Mag publie le texte d’analyse du Camerounais Jean Genestar Priso, le PDG de Genestar Technologies, qui apporte son éclairage sur le processus d’implémentation au Cameroun de la nouvelle carte nationale d’identité sécurisée. Pour cela, le Cameroun a choisi le français Gemalto. Pour lui, les solutions proposées par Gemalto comportent encore de nombreuses zones d’ombres et pourraient être de mauvaises solutions à l’avenir avec risque de refaire tout à zéro s’il y avait un problème. Plus encore, il s’indigne du fait qu’aucune entreprise camerounaise spécialisée en la matière n’ait été consulté parce que la DGSN n’a pas fait un appel d’offres pour sélectionner parmi les meilleures offres.

“Nous, GENESTAR TECHNOLOGIES, entreprise spécialisée dans l’identification biométrique, existons depuis 1998.  Pour avoir travaillé sur de nombreux projets d’identification dans plusieurs pays, notamment en Afrique. Il serait irresponsable de notre part de ne pas nous prononcer afin d’apporter un certain nombre d’éclairage à nos compatriotes sur la mise en place de la nouvelle carte nationale d’identité au Cameroun où nous sommes récemment installés depuis bientôt trois ans.

NOTRE AVIS

La CNI est la pièce administrative indispensable et réclamée aux usagers par nos administrations publiques et privées car elle atteste notre citoyenneté. D’où sa très haute importance en sa qualité de pièce administrative de souveraineté. Son système d’enrôlement et de délivrance devrait être pérenne, et surtout tenir compte de l’évolution de notre environnement car tant que le Cameroun existera les citoyens en auront toujours besoin.

 Elle est généralement demandée suite aux cas suivants par les citoyens :

  • Première demande
  • Renouvellement
  • Carte perdue

1/ Première demande : celle-ci nécessite la présentation de l’acte de naissance dans le dossier. Avons-nous aujourd’hui une gestion rassurante de l’état civil de notre pays sur tout le territoire national, pouvant produire des actes de naissance avec un minimum de sécurité et d’authenticité ?

L’état civil camerounais ne dispose pas encore un moyen de sécuriser l’acte dès la naissance. L’identification unique apporterait la réponse à la question de la sécurité et de l’authentification de l’acte de naissance.

Ensuite, la phase d’enrôlement des identifiants, devrait prendre en compte toutes les catégories et couches sociales. Les valises biométriques mobiles et statiques livrées par GEMALTO pour la capture des empreintes digitales, disposent-elles d’autres captures pour nos compatriotes du secteur primaire : agriculture, sylviculture, pêche et activités minières, qui ont des doigts lisses, donc pas d’empreintes lisibles par la force des travaux, les lépreux, et les accidentés des mains ?    Si non, comme proposition, on la capture des réseaux veineux qui est à portée pourrait résoudre ce problème discriminatoire.

2/ Renouvellement : Il est question de la durée de vie de la carte nationale d’identité. Certes, le polycarbonate a été choisi par l’opérateur GEMALTO, vu la qualité et la fiabilité de l’impression au laser. Cependant, ces cartes polycarbonates sont plus fragiles, ce qui conduit à les proscrire lorsqu’il s’agit de cartes à utilisation fréquente car elles ont une durée de vie de 3 à 5 ans. Surtout qu’il est recommandé sur le plan international que les cartes nationales d’identité aient une durée de vie de 10 ans minimum. Beaucoup de pays sous les tropiques ont opté pour la matière PET(Polyester) et les produits dérivés (PETF et PETG) car ils présentent des qualités plus résistantes aux intempéries et intéressantes pour la réalisation de cartes à haute durée de vie. C’est le cas du NIGERIA, la Cote d’Ivoire, la Tunisie, du Maroc, du Ghana et même les permis de conduire aux USA, l’état de Washington sont à PET. Qu’on nous dise quels sont les pays en Afrique qui utilisent les cartes à POLYCARBONATE ?

La centralisation de la production de la carte nationale d’identité pose un sérieux problème. Les difficultés sont de deux ordres : un problème de sécurité dans le traitement, compte tenu des échéances électorales, si le centre est en panne ou endommagé, tout le pays est à l’arrêt et celui de la célérité, c’est-à-dire le camerounais de TIKARI pourrait avoir sa carte dans quelle durée ?

GEMALTO nous annonce une machine qui produirait 600 cartes/ Heure.

Faisons le calcul :

Par jour : 600 X 12 =7200 cartes

Par an : 7200 X 360= 2592000 cartes.

Donc, il faudra plus de 9 ans pour doter les 24 millions de camerounais de la nouvelle carte.

Entre temps, les premières cartes délivrées seront déjà périmées deux à trois fois, puisque leur durée de vie est de 3ans maximum.

Qu’adviendrait-il si cette machine tombe en panne, le service après-vente est assuré par qui ? Et les pièces détachées sont-elles disponibles ? 

Car nous savons que GEMALTO n’a pas une représentation technique au Cameroun et n’est même pas fabricant de machine.

3/Carte perdue : Il est question ici que cette carte soit retrouvée dans le système informatique afin qu’elle soit de nouveau délivrée au demandeur.  Comment de manière pratique un citoyen camerounais qui se trouve à Nkongsamba, Buea, Bafoussam encore moins à l’étranger peut-il refaire sa carte d’identité ?

Jean Genestar Priso 1

Certes, le polycarbonate a été choisi par l’opérateur GEMALTO, vu la qualité et la fiabilité de l’impression au laser. Cependant, ces cartes polycarbonates sont plus fragiles, ce qui conduit à les proscrire lorsqu’il s’agit de cartes à utilisation fréquente car elles ont une durée de vie de 3 à 5 ans. Surtout qu’il est recommandé sur le plan international que les cartes nationales d’identité aient une durée de vie de 10 ans minimum. Jean Genestar PRISO

On nous annonce deux DATA CENTER, un surement à Yaoundé et un autre au NORD, zone à risque. Cela ne devrait pas être envisageable pour l’instant. A moins que ce choix ne réponde à d’autres motivations. Et c’est dans ces DATA CENTER que seront stockées toutes les informations identitaires du Cameroun (Cherchez L’erreur). Les DATA CENTER de quelles générations et de quelles capacités (Nombres de baies) nous seront-ils livrés ?  Les data center actuels, et tous les techniciens du monde sont unanimes et estiment qu’ils doivent être de proximité, ceux existant aujourd’hui doivent être transformés pour devenir moins énergivores et moins coûteux à l’exploitation. D’autres part, nous voulons savoir comment l’accessibilité aux informations se fera à partir de n’importe quel coin du Cameroun par les administrations relais de la DGSN. Sont-elles équipées à cet effet et interconnectées ?

Ce cas doit également, et encore répondre à la question de la gestion de l’identification unique, qui devrait faciliter la recherche pour retrouver en temps réel les identifiants de tout citoyen camerounais.  Comment sera-t-elle gérée ?

Ce mode de gestion et qui a fait ses preuves vient des Etats unis et beaucoup de pays sont entrain de l’adopter à ce jour. C’est un numéro national d’identification, numéro national d’identité, ou le numéro d’assurance maladie qui est utilisé par les gouvernants comme un moyen de suivi de leurs citoyens, des résidents permanents et les résidents temporaires pour les besoins du travail, la fiscalité, les prestations gouvernementales, les soins de santé. Etc.

Le numéro apparaît sur les documents d’identité émis, il est donc attribué à chaque citoyen, à sa naissance ou à un âge défini.

La CNI sécurisée selon GEMALTO

Carte nationale d’identité sécurisée. Selon le DGA de GEMALTO, « c’est ce qui se fait de mieux au monde ».

En technologie de sécurisation de carte format carte de crédit, il y a l’aspect physique visible et non visible à l’œil nu et l’aspect électronique.

Aspect physique de la carte : Ce sont des éléments imprimés sur celle-ci qui permettent une vérification visuelle, rapide, et qui certifie l’authenticité de la carte lors des contrôles de routine de la police par exemple. Les impressions au laser qui sont couteuses ne sont pas les seuls éléments pouvant contrer la fraude. Nous pouvons citer plus d’une dizaine éléments sécuritaires pouvant le faire. Nos cartes de crédit bancaires ne sont pas imprimées au laser est-ce pour autant, elles sont falsifiables ?

Aspect électronique de la carte : Le DGA de GEMALTO, nous parle d’une carte d’identité avec puce. Nous notons d’abord que, à notre connaissance le Cameroun serait le premier pays africain à vouloir matérialiser cela. Si c’était un « bon plan », d’autres pays l’auraient adopté avant le Cameroun.

Cet aspect fait également référence à la technologie d’encodage, c’est-à-dire cette technologie permet à la machine d’enregistrer les informations dans la puce. Est-ce que la machine laser livrée dispose-t-elle d’un ou des modules d’encodage ?

Si non, ce serait alors du bluff, de la poudre aux yeux pour essayer de valoriser d’avantage cette solution. Même la carte d’identité française n’a pas de puce, encore moins encodée.

Si par extraordinaire oui, il faudra donc maitriser la technologie d’encodage d’une si grande échelle (Echelle nationale) qui consiste au cryptage des informations. Et aussi prévoir des lecteurs pour la vérification de l’authenticité de ces informations par la police et partout où besoin sera nécessaire.

La police devrait être formée à cette utilisation. Est-ce prévue ?

L’autonomie de production : Les cartes pré imprimées au laser polycarbonates, le sont-elles à l’étranger ?

Si oui, chaque fois que le Cameroun sera en rupture il passera la commande des cartes déjà imprimées à l’étranger ? C’est d’un gâchis et cout ENORME.

Si non, ce que nous souhaitons elle peut se faire à l’imprimerie nationale ou encore la DGSN pourrait aménager les locaux pour cela.

A l’appréciation technologique actuelle, le fonctionnement d’une carte nationale d’identité est différent d’un portemonnaie électronique, encore d’une carte de contrôle d’accès, d’une carte d’assurance santé, d’une carte de fidélité ou d’une carte de sejour. Non seulement pour une question de durée de vie de la carte, mais également sur le plan fonctionnel.

Analyse :

Ces nombreuses questions et constats relevés sont pour mieux éclairer nos responsables et les citoyens camerounais afin que nul n’en ignore.

Il faudrait un temps de préparation pour un projet d’une telle envergure et éviterait de mettre en place une solution précipitée, coûteuse et moins efficace. Comme nous le constatons, beaucoup de questions demeurent sans réponse concrètes. Les conditions ne sont pas encore réunies pour doter notre pays d’un système d’identification fiable et pérenne.  Et ceci s’explique par le fait qu’aucune étude sérieuse au préalable pour constituer un cahier de charges qui réponde aux exigences d’un tel projet n’a été faite et par manque également d’un personnel qualifié. Alors que ce personnel existe, et ne pouvait se manifester que suite à un appel d’offres, qui n’a jamais existé ou à une invitation de la DGSN qui sait où trouver tout camerounais si elle le désire.

NB : Est-il prévu la formation des développeurs camerounais pour la prise en main et la rétrocession des codes sources du logiciel AFIS (Automated finger identification system) qui permet de gérer les doublons et faciliterait la gestion d’une identification unique ?  De sorte à ne plus dépendre de GEMALTO ?  Cette difficulté à amener beaucoup de pays à tout perdre et reprendre à zéro à la suite d’une rupture de contrat, comme cela a été le cas avec Thales.

Par Jean Genestar PRISO, CEO de Genestar Technologies

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