Le rôle des TIC dans la marche du Cameroun vers l’émergence

Il est de nos jours impossible de parler d’évolution du monde sans y associer les  Technologies de l’Information et de la Communication (T.I.C).

« Ces techniques utilisées dans le traitement et la transmission des informations, principalement de l’informatique, de l’Internet et des télécommunications désignent également leur secteur d’activité économique. On parle également de Nouvelles Technologies de l’Information et de la Communication (NTIC) ; ce terme qualifie les problématiques résultantes de l’intégration de ces technologies au sein des systèmes institutionnels, recouvrant notamment les produits, les pratiques et les procédés potentiellement générés par cette intégration. » (Sources : www.wikipedia.org )

Le Cameroun, sous l’impulsion du Président de la République, s’est donné comme objectif d’atteindre l’émergence en 2035 ; le Document de Stratégie pour la Croissance et l’Emploi (DSCE) en est la feuille de route.

Il en  précise les axes d’orientation essentiels:développement des infrastructures, modernisation de l’appareil de production,  développement humain, intégration régionale et diversification des échanges commerciaux,financement de l’économie, accroissement de l’offre d’emplois, mise en adéquation de la demande d’emploi et amélioration de l’efficacité du marché de l’emploi.

 

Sur ces bases, le Cameroun de 2035 sera un pays où la pauvreté sera réduite à un niveau socialement acceptable ; il sera également devenu un pays à revenu intermédiaire, aura atteint le stade de Nouveau Pays Industrialisé et verra son unité nationale renforcée et sa démocratie consolidée. L’objectif est également l’atteinte dès 2020des différents Objectifs du Millénaire pour le Développement (OMD).

Plus que jamais, les TIC ont un véritable rôle à jouer  pour permettre au Cameroun d’atteindre  ses objectifs en 2035. Les pays qui ont décidé il y a une quarantaine d’années de s’appuyer sur ces technologies ont réalisé un bond en avant extraordinaire. La Corée du Sud et Singapour pour ne prendre que ces exemples avaient le même niveau de développement que le Cameroun à l’époque ! Quand on voit les lettres de noblesse acquises en matière de développement économique en quatre décennies, on ne peut qu’être optimiste pour le Cameroun à condition que le pays se donne les moyens de sa politique.

Atteindre l’émergence par les TIC signifie qu’il faille maîtriser les technologies utilisées et donc acquérir des compétences nouvelles : la formation est le passage obligé ; le nombre d’ingénieurs télécom et techniciens diplômés chaque annéedemeure très bas (moins d’une centaine) ; Dans un Cameroun émergent, ce nombre doit être multiplié par 100 afin de faire du pays une plate forme de choix en matière de développement des services liés et un pays de référence en TIC à l’échelle continental.

Cela dit,  adopter les TIC dans la vie de tous les jours est un changement de mentalité à opérer ; Internet change complètement notre façon de travailler, de communiquer, de jouer, en somme, de vivre.

L’impulsion doit venir de l’Etat. Lui aussi doit faire sa révolution technologique et adopter les TIC dans la gestion quotidienne de l’administration. Pour que la réussite soit totale, ces projets de modernisation doivent avoir pour « leitmotiv » l’épanouissement du citoyen. Chaque camerounais dans cette nouvelle dynamique devra avoir la possibilité d’obtenir un acte de naissance, un extrait de casier judiciaire ou un titre foncier par Internet ; payer ses impôts, faire des démarches pour sa carte d’identité, avoir toutes les informations pour la création d’une entreprise , réserver et payer un billet d’avion, son ticket pour un match de football, un concert, etc … Tous ces gestes doivent devenir une seconde nature :  c’est le « e-administration »  ou administration électronique par excellence.

Mais ces applications ne peuvent être fonctionnelles que si on a un gouvernement connecté pour ne pas dire interconnecté. Mettre en réseau l’administration publique entre elle est un préalable. A ce jour une bonne majorité des départements ministériels est connectée à la fibre optique ; il faut à ce propos saluer le MINPOSTEL et CAMTEL dans leurs efforts communs  de modernisation de l’appareil de l’Etat, même s’il reste à interconnecter  les ministères entre eux (et les services publics en eux par extenso).

Le Cameroun doit donc se doter d’une infrastructure Internet et télécom à haut débit, sécurisée afin que l’accès à l’information soit facilité. De la même manière que vous ne pouvez rouler aisément avec une voiture de sport sur une route non goudronnée ou non adaptée,  vous ne pouvez non plus faire tourner efficacement des applications de qualités sans une réelle infrastructure de base.

Dans une administration connectée, communiquer d’un département ministériel à un autre pourra se faire gratuitement ; avec un accès internet à haut débit, il suffira de déployer une solution professionnelle et sécurisée de téléphonie sur IP (Internet Protocole) et toutes les communications à l’intérieur d’un ministère, d’une société d’Etat, d’un bureau nationale vers un bureau régionale, voire départementale seront totalement gratuites. L’investissement en vaut donc la chandelle surtout lorsqu’on imagine le coût total des communications au sein de l’administration ! On ne peut dès lors qu’espérer que les projets en cours d’analyse ou de réalisation aboutissent.

Pour une administration publique,  avoir accès en même temps  aux ressources et données de l’administration, maîtriser et gérer de bout en bout ce qui rentre dans les caisses de l’Etat en terme de recette grâce aux différentes régies financières, communiquer plus efficacement avec les citoyens, ne sont-elles pas là  les vraies notions de service public, entre autres ?

Ces bonnes habitudes à prendre valent également pour le secteur privé qui doit moderniser son appareil de production et de gestion s’il souhaite être plus compétitif, plus efficace, plus rentable, plus opérationnel chaque jour et s’ouvrir une plus grande fenêtre pour s’implanter sur le marché sous régional, régional, continental ou international.

Près de 50% des camerounais sont équipés d’un téléphone mobile mais uniquement 4% d’entre eux utilisent régulièrement Internet (la moyenne africaine étant de 11% et de 71% en Occident). Ceci est très insuffisant et ne peut permettre un réel développement des TIC: non seulement l’infrastructure n’est pas totalement disponible et opérationnelle, mais aussi, peu nombreux  encore sont les citoyens équipés d’un ordinateur ; hélas, le développement croissant des « cybercafés » ne peut efficacement suppléer à ce manque.

L’éducation àl‘utilisation d’internet est donc essentielle : internet n’existe pas uniquement pour  s’inscrire et discuter sur les réseaux sociaux… ! Une réelle infrastructure doit cependant être disponible  si on veut faire changer et évoluer les mentalités pour accompagner véritablement la modernisation d’un pays.

TIC vecteur de développement ? Je dis trois fois oui ! Les pouvoirs publics multiplient les projets afin que la modernisation du Cameroun se fasse par les TIC :

–          déploiement de la fibre optique

–           télé-centres communautaires

–           boucles optiques urbaines

–           projet du Central AfricaBackbone pour une sous région connectée à haut débit

–           diversification de raccordements aux réseaux de câbles sous-marins internationaux

–           projet de construction d’un centre sous régional en formation de pointe en TIC

–          démarrage du projet e-gov par le raccordement de l’administration public à la fibre

–          projet d’une bibliothèque numérique nationale

–          projets de télémédecine, télé-enseignement et télé-diplomatie

–          projet PKI pour la sécurisation dans l’utilisation des TIC

–          Projet d’interconnexion des 225 bureaux de poste du Cameroun

–          Refondation de l’Ecole Nationale Supérieure des Postes et Télécommunications

Acta non verba ! Certains de ces projets sont en cours de réalisation, d’autres toujours en phase d’étude. L’exercice désormais est de transformer ces grandes ambitions en grandes réalisations pour que le « Cameroun émergent » en 2035 soit véritablement une réalité. Le temps est à l’action comme l’indiquait récemment le Président de la République!

 

Louis-Hervé Beleoken est le Directeur du Secteur Public pour l’Afrique de l’Ouest et Centrale chez Cisco Systems, société américaine au chiffre d’affaires de plus de 40 milliards de US Dollar et leader mondial des solutions réseaux, télécoms, sécurité et Internet. Il a près de 15 ans d’expérience dans le secteur des TIC ; il est Expert en Commerce International et diplômé de l’Ecole Supérieure de Gestion de Paris.

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Louis-Hervé Beleoken est le Directeur du Secteur Public pour l’Afrique de l’Ouest et Centrale chez Cisco Systems, société américaine au chiffre d’affaires de plus de 40 milliards de US Dollar et leader mondial des solutions réseaux, télécoms, sécurité et Internet. Ila près de 15 ans d’expérience dans le secteur des TIC ; il est Expert en Commerce International et diplômé de l’Ecole Supérieure de Gestion de Paris.

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