En France, on est bien en train d’inventer la ville du futur

Le premier forum sur les villes intelligentes organisé par le groupe “Caisse des dépôts” le 21 novembre 2016, à la Cité de la Mode et du Design sur les quais de Seine à Paris, était l’occasion de faire un point sur les avancées de la smart city, en présentant des solutions nouvelles et d’autres plus aguerries. Le sentiment qu’on en garde est qu’on est bien en train d’inventer la ville du futur.

Cela se concrétise actuellement par des solutions de partage, d’échange, d’optimisation des utilisations et de contrôle avec des plateformes informatiques conçues pour les organiser. L’idée que l’on a aujourd’hui de la ville intelligente est d’en faire un lieu où il fait bon vivre, où les habitants bénéficient grâce aux TIC de services de qualité auxquels ils ne pourraient pas prétendre autrement et où tout tend à faire baisser ou à contenir le montant de la dépense publique. Ce n’est qu’une première étape.

Les solutions des “Cols verts”

Lors du forum en effet, de nouvelles formes d’agriculture et d’élevage urbains ont également été exposées. Si l’idée de redonner des droits à la nature en lui libérant de la place en ville n’est pas nouvelle, la diversité des formes qu’elle peut prendre montre la motivation et la créativité de celles et ceux qu’elle intéresse.

Une ville plus verte, plus “durable” avec des initiatives originales comme celles de l’association “Les cols verts” qui propose aux citadins de s’essayer à l’élevage et à l’agriculture.

A l’élevage, avec une formule surprenante de location de poulailler à 9€/mois, sans engagement, comprenant 2 ou 4 poules, une mangeoire, un abreuvoir, du grain en quantité suffisante pour les nourrir le premier mois et une petite formation pour bien aborder sa nouvelle activité. Un service de gardiennage des poules est également prévu, pour compléter ce dispositif, tout au long de l’année.

A l’agriculture, en imaginant des lieux de jardinage parmi les plus insolites, tous les terrains inutilisés en ville se prêtant à l’agriculture urbaine. Les jardins, les terrasses, les balcons, les espaces verts privés et publics, ceux des bâtiments administratifs, des entreprises, des maisons de retraites, etc. sont recherchés pour développer des cultures bio sans phosphates ni pesticides au profit des familles, de la restauration scolaire, de celle du 3ème âge, etc. basée sur une juste répartition de la production entre propriétaire et exploitant du terrain.

Les toits sont d’autant plus adaptés aux cultures urbaines s’ils sont étudiés dès leur conception pour cela. Associées à des techniques comme l’aéroponie (plantations hors-sol permettant de diminuer considérablement leurs besoins en eau), les surfaces libérées, équipées des colonnes de culture appropriées peuvent espérer accroître de façon significative la production au M2 des légumes sélectionnés.

Des constructions “écologiquement responsables”
L’innovation architecturale était particulièrement bien représentée. Elle ne se contente plus de valoriser la place que désormais les citadins consacrent aux végétaux, elle réinvente complètement le paysage urbain avec des projets futuristes comme celui que teste actuellement la très avant-gardiste société “Algohouse”. Son équipe pluridisciplinaire travaille à mettre en place sur les façades des immeubles qu’on lui confie, bien exposées au rayonnement solaire, des panneaux de culture à triple vitrages avec lame d’eau intégrée, utilisant la récupération des eaux pluviales, favorisant une épuration naturelle de l’air et par photosynthèse l’accroissement de micro-algues destinées à l’industrie pharmaceutique et du cosmétique. Un projet typiquement “écologiquement responsable” au service de l’économie, du social et de la recherche scientifique.

La “smart city” n’a pas vocation à rester longtemps un lieu se contentant d’offrir du wifi en libre accès et une vitrine Web équipée de quelques services en e-administration et en e-démocratie. Son avenir est dans la mise place de projets beaucoup plus ambitieux, intégrant les toutes dernières technologies sous toutes leurs formes.

Pour le moment, il ne s’agit que d’une addition de solutions hétéroclites plus ou moins élaborées, plus ou moins utiles, plus ou moins efficaces, mais qui devraient dans un avenir proche trouver leur voie et évoluer vers des projets plus globaux, menés par de grands groupes capables de proposer aux collectivités une offre complète, plus centralisée, une synergie maîtrisée des réseaux et des services aux personnes.

Il est assez facile d’imaginer que des solutions intégrées seront plus à même de convaincre et de remporter des appels d’offre importants. Il est probablement plus vendeur de proposer un réseau routier photovoltaïque si on peut en même temps y connecter l’éclairage de la voirie, la signalétique et le mobilier urbain correspondant.

Une ville qui souhaite intégrer de l’intelligence numérique, pour rendre la vie plus facile et répondre aux nombreux défis auxquels les collectivités vont être confrontées, devra non seulement être connectée, communicante et spécialisée dans les nouvelles technologies, mais aussi s’organiser en reliant l’ensemble de ses équipements à une informatique standardisée à partir des normes et des protocoles les plus performants du moment. Ce sera la seconde étape d’un processus en comportant probablement trois.

La dernière étant qu’à utiliser les mêmes outils, les mêmes services, les mêmes stratégies, on ne pourra empêcher l’uniformisation des “cités du futur” et qu’à défaut de pouvoir se démarquer, on trouvera certainement plus simple, plus économique et plus efficace de fusionner l’intelligence numérique de sa ville dans un système informatique encore plus vaste, encore plus globalisé.

Par Philippe Mingotaud, Correspondant de TIC Mag en Europe


L’auteur de l’article est l’éditeur de la suite logicielle ServoCall et SerVisual Professionnel utilisée pour réaliser des applicatifs permettant d’interroger et d’émuler des périphériques distants. Il a également rédigé un dossier remarqué sur le concept novateur de “Ferme Pilote Urbaine”.

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