Guillaume Olivier Madiba : « Je pense que Kiro’o Games est en route pour le succès »

A trois mois de la sortie officielle du premier jeu Made In Cameroon, le CEO et Fondateur du Kiro’o Games Studio fait le point de l’état de préparation de son équipe.
 
Vous travaillez à la sortie de « Aurion », le premier jeu Made In Cameroon. A quel stade se trouve le projet ?
Nous avons le seul grand projet actuellement au Cameroun. Il y a eu des tentatives amateurs jusqu’ici, je le dis tout humblement. On essaie d’honorer cette position, parce que ça nous donne une responsabilité historique.
Maintenant pour répondre à votre question, techniquement, nous avons réalisé les bases du jeu, et nous sommes en train de le finaliser. Nous avons pu montrer des vidéos du jeu au public international. A ce jour, nous avons eu plus de 8500 vues sur YouTube avec un avis quasi unanime, les internautes étaient très surpris de la qualité. Donc on a rassuré sur le fait que le public international, national et continental attend le jeu.
Administrativement, on a terminé notre deuxième round de financement, et nous sommes en train d’essayer de clôturer le dernier. Nous sommes à plus de 70 millions de levée, ce qui correspond à 200 parts de vendues sur les 300. Nous devons vendre les 100 dernières à 400 000 F.Cfa, et l’idée c’est d’essayer de clôturer en janvier ou février, car la  sortie du jeu est prévue d’ici Avril-Mars 2015.
Qu’est-ce qui selon vous, a marqué les esprits ?
C’est l’ambition de notre équipe, et la qualité. Le jeu a une vraie âme que les joueurs internationaux ressentent, que la communauté des fans a ressenti. Vous savez, Kiro’o vient d’une expression qui veut dire vision spirituelle. On y a cru, et l’équipe a réussi à retranscrire ce que j’avais dans mon esprit, d’ailleurs, elle l’a même surpassé parfois. Ça a fait que le public adore cette qualité, cette ambition, cette success story qui est en train de naître.
Nous avons également beaucoup travaillé sur notre stratégie de communication qui consiste à ne pas attendre la fin pour en parler. On a voulu évoluer avec notre public, évoluer avec la presse, pouvoir leur dire voilà comment on grandit, évoluons ensemble.
Le projet Kiro’o réussit aujourd’hui parce que vous avez appris des échecs des uns, ou parce que vous avez pris sur les réussites des autres ?
Les deux ! Il y a de l’observation de l’échec des gens, l’observation des réussites des autres, mais aussi l’observation de mes  propres échecs, parce que ce n’était pas ma  première tentative. L’observation des règles du monde. Ce monde est régi par des règles qui ne sont pas sentimentales. La gravité par exemple, que vous soyez innocent ou coupable, lorsque vous sautez, vous tombez.
Le succès a des règles similaires. Si vous voulez planter un arbre, ce n’est pas votre intelligence qui va faire pousser l’arbre, c’est le fait de respecter les règles. Si vous voulez créer une multinationale, il y a des règles. Il y a une façon de se comporter, il y a une façon de véhiculer son message, une façon de recruter, une façon de former son équipe que j’essaie au maximum de respecter.
Pour l’instant, je pense que nous sommes en route pour le succès, mais c’est en fonction des critiques finales sur le jeu qu’on parlera finalement de succès.
Dans un marché camerounais aussi pauvre en ressources humaines qualifiées, comment avez-vous pu rassembler une équipe capable de porter ce projet ?
J’ai d’abord sillonné les points chauds. En tant qu’ancien étudiant de la Faculté de Ngoa-Ekellé, qui, il faut le dire, même si c’est un peu dur avec des petits freins pédagogiques, en informatique, nous avons quand même le  meilleur programme de formation de la région. Je savais que l’intelligence au niveau des programmeurs y était.
Maintenant, pour les artistes, j’ai sillonné les Centres culturels, je regardais sur Facebook les pages des dessinateurs que je trouvais talentueux. Je m’approchais d’eux, et je leur disais : si un jour je vous disais qu’il y a l’argent, et ce qu’il faut pour bosser maintenant ? Ils me disaient : oui, c’est notre rêve.
Il y a aussi eu un très gros travail de reformation. Pas seulement  technique, mais il a fallu leur inculquer toute une philosophie de vie, basée sur le professionnalisme notamment.
 
La date de sortie était annoncée pour Juin. Mais on a appris par la suite qu’elle avait été reportée. Peut-on savoir pourquoi ?
Le jeu est devenu célèbre assez vite. Nous avons eu une fiche technique un peu moins ambitieuse. Au vu de tout ce que cela a généré comme attente, on s’est rendu compte que si on sortait un petit jeu, on aurait fait long feu. Le défi est devenu de ne plus faire un jeu africain, mais de faire le jeu africain. Nous avons dû rehausser notre cahier technique, ce qui nous a donné des imprévus qu’on a pu combler.
Ceci dit, nous ne sommes pas hors-budget. Comme j’ai dit, nous en sommes à 2/3 de notre budget, et un jeu en  phase de finalisation, avec une sortie dans trois mois.
 
Comment analysez-vous le marché  des applications au Cameroun ?
Le marché des applications est gangréné par le pouvoir d’achat et les mentalités. Il y a une masse critique qui n’est pas encore là, ou du moins, qui est éparpillée. Il y a des acheteurs, mais qui n’ont pas la possibilité d’aller chercher l’info. Il faut quelqu’un pour organiser tout cela.
Pour l’instant, notre stratégie c’est d’abord d’aller attaquer les marchés qui fonctionnent. En fonction de cette manne financière, trouver que ça  marche, et peut-être, organiser le marché local ou  continental.
 
Selon nos informations, le jeu que vous développez ne cible pas principalement la marché camerounais, mais cible le marché européen. Confirmez-vous cela ? Si oui, pourquoi ?
Cela vient du fait que le Cameroun a échoué à fournir le haut-débit facilement. Notre jeu sera vendu par Internet. S’il faut qu’un joueur africain paie en ligne un jour, il faudrait que l’e-Commerce soit très avancé, et il faudra qu’il soit capable avec sa connexion, de télécharger environ 4G.
Actuellement, nous travaillons avec une structure locale assez énorme pour mettre à la disposition des camerounais une édition physique.
 
Après la sortie que vous annoncez en avril, quel sera le prochain chantier ?
Le jeu est prévu pour  trois versions, donc nous avons encore beaucoup de boulot là-dessus. Mais l’idée c’est d’évoluer au niveau du dessin animé, au niveau du jeu mobile, mais aussi d’ouvrir un Fonds d’investissement pour les projets dans notre secteur.
Propos recueillis par Frégist Bertrand
 
Lire aussi :

Chedjou Kamdem : « Les entreprises qui s’ouvrent volontiers au Community management sont des PME »

Charly Da Cunha : « Le Cameroun et l’Afrique Centrale sont stratégiques pour Sage »

Bruno Bordage : « L’IRD a les projets de créer des pépinières d’entreprises ».

Abega Moussa : « Mboa-Store veut donner une place aux développeurs africains d’applications mobiles »

Si vous avez aimé ce texte, vous aimerez bien bien d'autres. Rejoignez notre canal Telegram et notre chaîne WhatsApp pour ne rien manquer de nos infos stratégiques et de nos exclusivités. Aussi, merci de nous laisser votre commentaire au bas de cet article. Bonne navigation.

LAISSER UNE RÉPONSE

SVP, entrez votre commentaire!
Veuillez saisir votre nom ici

spot_img

Plus d'infos

Mark Zuckerberg lance la nouvelle version de Meta AI,...

Marck Zuckerberg lance la nouvelle version de Meta AI, l’ assistant virtuel conversationnel le plus « intelligent...

La BOAD et le Cyber Africa Forum pour protéger...

La BOAD et le Cyber Africa Forum pour protéger l'espace numérique dans l'UEMOA, la Green Tech une...
starlink-in-cameroon:-minpostel-asks-spacex-to-suspend-its-satellite-internet-services-–-digital-business-africa

Internet : Pourquoi le Cameroun et l’Afrique doivent négocier...

 - Plusieurs pays africains ont demandé à l'opérateur américain Starlink d'arrêter la commercialisation de ses services d'Internet...