Internet : Entre 2015 et 2017, la cybercensure a fait perdre 237 millions de dollars à l’Afrique

(TIC Mag) – Le dimanche 2 octobre 2017, le gouvernement espagnol a coupé l’accès au service Internet en Catalogne, essentiellement autour des bureaux de vote dans l’objectif d’empêcher la tenue d’un référendum sur l’indépendance de cette région. Une censure qui jusqu’ici, était considérée comme le propre des pays africains, qui y ont eu recours plusieurs fois au cours de ces deux dernières années. C’était le cas tout récemment au Togo, au Cameroun, au Congo, au Gabon, au Tchad, au Congo, en Ouganda et même en Ethiopie. Une recrudescence qui a donc suscité l’intérêt du centre international pour la promotion des TIC en Afrique orientale et australe (CIPESA), basé à Kampala en Ouganda, et qui a publié le 29 septembre 2017 les conclusions de son enquête sur « l’impact économique des coupures d’internet en Afrique subsaharienne depuis 2015 ».

« Malgré les multiples avantages associés à l’accès à Internet et la contribution du secteur des TIC à la croissance du PIB en Afrique subsaharienne, depuis 2015, des perturbations de l’internet ont été déclenchées par les gouvernements dans au moins 12 pays de la région. (…). Les déconnections sont plus particulièrement fréquentes en périodes électorales, lors de manifestations et pendant les périodes d’examen ». D’après l’enquête, le phénomène connait une recrudescence, qui entraine avec elle des pertes économiques importantes, évaluées à 237 millions de dollars entre 2015 et 2017. En plus de cette conséquence strictement financière, l’étude révèle aussi un impact négatif sur la compétitivité des économies africaines et sur le vécu quotidien des populations des pays concernés.

L’Etude va plus loin et dresse une sorte de classement des pays africains « champions » dans la cybercensure. Un classement dans lequel l’Ethiopie, la RDC et le Cameroun arrivent en tête. Sur la période étudiée, l’Ethiopie a suspendu Internet selon l’étude durant 36 jours, en plus de sept jours de suspension des réseaux sociaux. Résultat : une perte de près de  32,1 millions de dollars. Pareillement, la RDC en proie à un climat politique tendu a dû suspendre Internet, entrainant des pertes de 46 millions de dollars. Aussi, le Cameroun a suspendu Internet pendant pratiquement trois mois, de janvier à avril 2017 dans deux de ses régions contestataires, pour une facture estimée à 38,8 millions de dollars.

« Les pertes économiques causées par une perturbation de l’Internet persistent bien au-delà des jours d’arrêt de la fourniture car les perturbations du réseau perturbent les chaînes d’approvisionnement et ont des problèmes systémiques effets qui nuisent à l’efficacité de l’ensemble de l’économie. Les perturbations de l’Internet, même si elles sont de courte durée, sapent la croissance économique, perturbent la prestation de services essentiels, érodent la confiance des entreprises et augmentent le profil de risque d’un pays », explique le rapport.

Notons que pour établir ces données chiffrées, l’étude dit prendre en compte l’impact direct de l’arrêt des activités de l’économie digitale ainsi que ces indécences indirectes notamment la perte de confiance des investisseurs ou les coûts supplémentaires pour l’ensemble des entreprises privées de télécommunications ainsi que les frais payés pour contourner la censure. En définitive, le rapport conclut que « ces pratiques ne constituent pas une réponse nécessaire et proportionnée aux situations face auxquelles elles sont utilisées ». Bien au contraire, elle entraine des conséquences négatives sur «la vie de leurs citoyens, le profit de leurs entreprises, le PIB et la compétitivité de leurs pays ».

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