Thierry N’Doufou : « Nous lançons la première tablette éducative africaine »

Le 25 février, à Barcelone, l’ingénieur ivoirien a lancé Qelasy, la première tablette du pays qui rêve de partir à la conquête du monde.

Le 25 février, à l’occasion du Mobile World Congress de Barcelone, Thierry N’Doufou a présenté au monde entier Qelasy, la première tablette conçue en Côte d’Ivoire. Alors que le Congolais Vérone Mankou a mis au point, en 2011, la première tablette africaine, il ambitionne désormais de relocaliser une partie de sa production à Brazzaville. L’ingénieur Thierry N’Doufou mise, lui, sur l’éducation. Leur point commun ? La même soif de conquérir le monde. Et tous les deux représentent des exemples de technologie inversée, c’est-à-dire mise au point dans un pays émergent, et qui peut intéresser, voire dépasser, les pays censés être plus avancés technologiquement.

Avec Qelasy, vous lancez la première tablette ivoirienne… À quoi ressemble-t-elle ?

Nous avons mis au point une tablette Android 4.2 de huit pouces qui résiste à l’eau (voir ci-dessous), à la poussière, et dotée d’une batterie qui lui donne une autonomie de huit heures. Elle pèse 480 grammes, est dotée d’un processeur quadricoeurs de un gigahertz, d’une mémoire de 16 gigaoctets, et sera vendue 180 000 francs CFA, c’est-à-dire 270 euros maximum. Je sais que c’est beaucoup, mais nous comptons beaucoup sur nos accords avec les opérateurs pour faire baisser le prix. Ma formation d’ingénieur m’a beaucoup servi. Tout comme ma précédente fonction, lorsque j’étais responsable du développement des produits, services et innovations chez l’opérateur sud-africain MTN pour toute la Côte d’Ivoire.

Quelle est l’originalité de votre projet, alors qu’il existe déjà d’autres tablettes africaines ?

Nous avons mis au point la première tablette éducative africaine. Qelasy signifie “classe” ou enseigner en langue akan comme dans plusieurs langues d’Afrique de l’Ouest et centrale. En clair, nous avons mis au point des applications qui respectent au pied et à la lettre les programmes de l’éducation nationale des pays que nous ciblons. La Qelasy fait office d’ouvrages scolaires, d’outils d’écriture, de dessin, de bulletins de notes, de cahier de correspondance, et les cours seront dotés d’images fixes et animées, de sons, comme de liens hypertextes. La tablette Qelasy sera disponible en trois modèles : Kid, pour les plus petits et munie du contrôle parental ; Teen, pour les adolescents avec accès aux livres d’une bibliothèque publique ; et Uni, dédiée aux études universitaires et dotée d’un magasin de livres complémentaires, grâce à un magasin d’applications dédiées qui s’appellera e-biblio. Cela fait 15 mois que nous travaillons sur ce lancement et nous bénéficions de l’investissement du groupe ivoirien spécialisé dans les télécoms et les technologies de l’information Gnanzouky.

N’est-ce pas trop tôt ?

Non, c’est le bon moment. Vu l’impact positif qu’ont les technologies de l’information sur l’activité d’une nation, nous croyons qu’il est temps d’en faire bénéficier l’éducation en offrant un outil qui rend l’apprentissage plus passionnant et soulage les élèves du lourd poids de leur cartable, qui passera ainsi de 8 kilos à moins de 500 grammes. De plus, la tablette permettra d’accéder à des ouvrages complémentaires en location, ou encore à l’achat à l’unité ou par chapitre. Nous lancerons la Qelasy fin mai en Côte d’Ivoire. Notre produit est compatible 3G, et il y a de plus en plus de 3G en Afrique, et dans certaines capitales, bientôt de la 4G. Par ailleurs, notre application éducative fonctionne très bien sans connexion.

Où produisez-vous ? Cela pourra-t-il être possible un jour en Afrique, comme l’ambitionne cette année le Congolais Vérone Mankou ?

Nous avons conçu cette tablette en Côte d’Ivoire avec une équipe de cinq personnes basée à Abidjan et nous produisons en Chine, dans la région de Shenzhen, comme la quasi-totalité des tablettes du monde entier (c’est aussi le cas du français Archos, NDLR). Nous pourrions imaginer un jour le produire en Côte d’Ivoire. Mais sortir la tablette Qelasy aujourd’hui est déjà formidable : cela n’aurait pas été possible il y a trois ans étant donné les troubles que connaissait alors le pays.

Quelles sont vos ambitions avec la Qelasy ?

Nous pensons vendre quelque 25 000 exemplaires de la gamme en Côte d’Ivoire avant la fin de l’année. Mais il ne s’agit que d’un début : nous visons également l’Afrique centrale et occidentale, avec des pays comme le Nigeria, le Sénégal, le Mali, le Burkina Faso, le Bénin, le Cameroun et la République démocratique du Congo. Et pourquoi pas, d’ici à quelques années, la France et les États-Unis. Ce serait un joli pied de nez alors que ce pays a popularisé la tablette avec l’iPad il y a tout juste quatre ans!

Source : Lepoint.fr

 

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